L’étrange définit l’hors du commun comme l’épouvantable ou le paradoxal et déstabilise autant qu’il attire. L’étrange peut être partout pourvu que nous nous y attendons pas, il surprend devant l’insolite et éveille l’esprit de celui qui regarde hors de la vie courante et de la banalité. Quant au portrait, pratique artistique immémoriale, il traverse le temps, les courants et les mouvements artistiques pour toujours se réinventer. Il constitue un genre classique, familier et indémodable, pratiqué par tous les styles et éprouvé par différentes techniques. L’art du portrait s’est construit tout au long de l’Histoire de l’art et l’Histoire des Hommes. Le portrait est bi-dimensionnel, le terme est relatif uniquement à la peinture, le dessin ou la photographie. En sculpture, bien que le portrait existe, c’est les notions de buste ou encore de tête qui sont de rigueur. En littérature, le portrait est une description, une énumération de ce qui peut être donné à voir. Il peut être la représentation d’une personne, d’un groupe ou encore d’un animal et en dépeindre les traits physiques, d’humeurs, de caractères ou encore psychiques.
Certains artistes contemporains ont fait le choix de faire l’effigie de l’inquiétant, du bizarre, du curieux et de l’inhabituel. Tirer le portrait de l’étrange, le regarder frontalement, s’imaginer une nouvelle manière d’apparaître au monde. Le portrait s’émancipe des carcans académiques, dépasse les lois de l’apparence et devient alors subjectif, fictif, il raconte une histoire autant sur celui qui réalise que sur celui qui est portraituré. La figuration devient un véritable terrain d’investigation offert aux artistes.
« Tout portrait se situe au confluent d’un rêve et d’une réalité. »
Georges Perec, La vie mode d’emploi, 1978
À travers une sélection d’œuvres – pour certaines issues de la collection du Frac – ainsi qu’une sélection de livres d’artistes et d’une ouverture à la littérature, au cinéma ou encore à la musique, le portrait est décrypté sous toutes ses coutures. Défiguré, engagé, flouté ou encore noirci, de dos ou d’objets, les artistes expérimentent et traitent le portrait comme un sujet, une méthode, un support.